Ultra - Randonneur

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BRM 600 de Brest II

Ma galette complète (jambon/oeuf/fromage) avalée je termine calmement ma bouteille de badoit, les médocs que j'ai pris au début du repas commencent à agir et douleur de la colique néphrétique s'estompe doucement. Par contre je me sens bizarre, fébrile, et nauséeux, merde, j'ai oublié que lors de certaines crises des nausées et vomissements faisaient leurs apparitions, je suis en plein dedans et n'ai pas de primpéran ... bon pas de panique, la crise n'est pas d'une violence rare donc les nausées doivent être dues à l'addition de l'effort, de la crise et de la digestion car je sais que j'ai une digestion difficile lors des épreuves de longue haleine. Positivons la douleur au genou a quasiment complètement disparu a force de pommade anti-frottement puis arrive un cyclo d'un certain âge qui me rejoint, sa présence me décentrera de mes petits soucis, ce qui est aussi bien. Je réalise que je ne connais pas som prénom, pour plus de facilité je l'appelerai Jean. Il m'avoue être crevé, s'assoit a coté de moi et boit un coca pendant que je me prépare a repartir ... il ne repart pas avec moi car il a mal aux jambes et préfère marcher un peu pour récupérer. Je réorganise ma sacoche pour la nuit et me rend comte que veste thermique est mouillée, je savais avoir une fuite à mon camel-back main ne pensais pas qu'elle était si importante

 

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J'étale la veste sous le soleil couchant en espérant qu'elle sèche un peu pendant que je finis de me préparer, la sacoche arrière achalander pour la nuit il est l'heure de repartir, 330 km ont été accompli je repars donc pour environ 270 km. Je reprends la route direction Malestroit sous le soleil du soir, j'ai remis les manchettes et la thermique est prête a capeler. Au bout d'une grande ligne droite, j'apperçois un cyclo tout en jaune, je pense que c'est Jean mais il est vraiment loin, mon instinct me pousse a accélérer puis assez vite ma petite expérience des longues distances me conseille de rester à mon rythme, la nuit promet d'être longue, trés longue peut être ... Je sais que la route est assez vallonée jusqu'à Plumelec puis qu'aprés il y'a un peu de répit de Plumelec à Locminé mais nous n'en sommes pas encore là, pour le moment il faut rouler et la nuit fait son apparition. J'adore ce moment ou on bascule dans le pédalage nocturne, j'ai vraiment l'impression de devenir un aventurier a cet instant. J'éternue à plusieurs reprises et constate que mon maillot est mouillé par cette récurente fuite de mon camel back, je décide de durer comme çà jusqu'à ce que je trouve un bistrot d'ouvert où je puisse vider cette poche à eau, la jeter car ça m'énerve franchement et la remplacer par une bouteille d'eau pour la fin de ce brevet. J'arrive à Malestroit où j'apprends que le Barça est champion d'europe, je bois un grand café allongé suivi d'un demi puis m'apprête a me couper de la civilisation jusqu'au petit matin. Le patron du bar, trés sympa, me file une bouteille d'eau et équiper potablement je reprends la route. Qu'il est agréable de se sentir a peu prés au sec et au chaud grace a ma veste thermique, mentalement je fais un petit bilan de la situation, j'ai suffisament de boisson et de nourriture pour la nuit, le genou me laisse tranquille ainsi que les cailloux, je suis juste un peu barbouillé mais, chose essentielle, les jambes vont trés bien. Là de mes réflexions j'apperçois au loin des lucioles rouges dansants dans la nuit, mes coreligionnaires sont là, certainement les sens tendus dans la nuit noire car le plafond bas nous cache la lune, je suivrai un long moment les lucioles, je rattrappe sensiblement la plus proche, la distance a l'air de se maintenir avec celle qui est la plus au loin. Subitement je vois la luciole faire une embardée au milieu de la route et s'arrêter sur le bas coté, j'arrive à sa hauteur et m'aperçois que mon camarade est en vélo couché, il m'explique qu'ébloui par une voiture il a chuté mais que tout est ok, nous repartons en conversant quelques instants. Je prends de la distance dans les bosses puis il me rattrappe en descente, nous arrivons à Sérent où je guide mon compagnon pour le mettre sur la route de Plumelec puis a la faveur d'une portion plus valonnée je le distance. Le long des km menant à Plumelec je croise pas mal de cycliste qui a priori sont sur le brevet de Nantes mais je ne suis pas sure, j'arrive à Plumelec, je suis content d'en avoir fini avec cette portion difficile que je connais bien car elle fait partie de  mes routes d'entrainement. Le bistrot est encore ouvert, je m'y arrête boire un café et attise la curiosité de quelques fêtards bien partis mais sympathiques, mon café serré avalé et aprés avoir satisfait à quelques explications je reprends la route. Prochaine étape St jean de Brévelay, devant moi une luciole rouge, certainement mon vélocouchiste qui m'a passé pendant mon arrêt, il est trop loin pour que je puisse le rattraper avant St jean, dommage car il va certainement suivre la signalètique qui va le rallonger en lui faisant faire un long détour, j'embouque tout droit par le centre ville et rejoint rapidement la route de Bignan. Bignan, 400 km, je m'arrête faire une pause pipi et au moment où je m'apprête à repartir un vélo déboule devant moi, c'est Jean, mon collègue de Redon je l'ai certainement doublé pendant la traversée de St jean, il me dit être toujours cramé et ne pas connaitre la route. Nous repartons ensembles direction Locminé où nous rattrapons notre vélocouchiste, je guide tout ce petit monde pour rejoindre la route de Remungol et dans la bosse à la sortie de Locmine nous perdons notre vélo couché. Les 40 km à venir nous croiserons peu de voiture, mon ami Jean me suit sans jamais me relayer, il s'en excuse mais je le rassure en lui disant que ce n'est pas grave, je m'en moque car sa présence me fait du bien, elle me force à conserver une certaine attention. L'aide d'un compagnon ne se quantifie pas seulement au travail effectué, quelquefois une simple présence fait énormémént de bien et je dois reconnaitre que Jean dont j'estime l'age à environ 70 ans, peut être me trompe je complètement, m'impressionne. Il roule sur un vélo qui a 20 ans, il m'explique qu'il remonte et chevauche une collection d'une vingtaine de vélo ancien, il roule avec des cales-pieds et j'apprendrai à l'arrivée qu'il utilisait un braquet de 42x21 car maintenant à son age il est obligé de mouliner, avant c'était 42x19 ...

Nous stoppons pour un ravitaillement devant la lumière d'un distributeur d'argent, le chassé croisé continue avec Marcel, notre vélocouchiste. Nous passons St nicolas des eaux puis le guern, nous approchons doucement de Guéméné sur scorff mais la fatigue nous gagne, les yeux se ferment, quelques embardées nous rappellent à l'ordre, enfin, Guéméné nous nous arrêtons pour essayer de dormir un peu. Un coin d'herbe accueillant  entre deux maisons, je déplie ma couverture de survie et j'ai l'impression que j'ai réveillé tout le département, je commence a m'assoupir lorsqu'une voiture s'arrête et se renseigne de notre activité nocturne. Le mec m'écoute plutôt sympa, Jean dort, cramé, et le mec de me dire que ce n'est pas normal de rouler la nuit car si on croise un mec qui a 1,5 g c'est dangereux. Je me rends compte qu'il est un peu aviné, la fatigue m'a empêché de m'en apercevoir plus tôt, je lui demande nous laisser tranquille ... il m'insulte. Je m'approche et lui demande de se casser ... je ne vous cache pas que la rage montait et que j'avais une foerte envie de lui en mettre une, ce que je lui ai signifié en m'avançant plutôt menaçant, il s'est barré. Je me recouche puis gamberge, s'il revient avec un copain ou deux  ? 

 

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        Le roc trévézel

 

Nous dormons d'un coté d'une haie, je change de coté et trouve un solide baton comme ça si il revient il se rendra là ou il me croit couché et j'aurai le temps de réagir. A postériori je me trouve ridicule mais bon j'ai pas mal bourlingué dans des coins un peu chaud et ma prudence m'a permis de me sortir de situations qui aurait pu s'avérer inextricable. 20 mn de micro sieste plus tard nous reprenons la route et oublions ce pisse-froid d'abruti. Nous nous dirigeons vers le Faouët, une lueur trés légère nous indique que nous nous rapprochons de l'aube mais il nous faut encore patienter. Lignol, Kernascleden, nous cherchons un fournil chaud sentant bon le pain frais pour ingurgiter quelques viennoiseries ... rien. Le jour est là, je me trompe a l'entrée du Faouët ce qui nous coûte une côte terrible pour enfin arriver au bourg, aprés une recherche minutieuse rien d'ouvert. Je choisis de continuer, Jean est mort, il a trouvé un sas de Banque et veut se reposer au chaud, il essaie de me convaincre d'attendre avec lui mais ma décision est prise. Je prends la direction de Scaër et après une descente d'un bon km je tombe sur une boulangerie, elle est fermée mais une fenêtre est illuminé, je fais sursauté le boulanger et là je vais tomber sur un garçon qui va me réconcilier avec la gent humaine. Je lui prends 2 croissants et un pain au chocolat, la boulangerie s'appelle "Les délices du Golhen",  il cuit son pain au feu de bois et travaille sans aucun additif donc son pain est fait a base du levain conservé de pétrin en pétrin et sans levure chimique. Il est ouvert depuis peu et met du coeur à l'ouvrage car son activité fonctionne mieux qu'espéré, il m'offre un café fumant et délicieux, c'est bon, bon dieu ça remet le facteur sur le vélo, je lui demande combien je lui dois, il n'a jamais voulu de mes sous. Je repars quelque peu ému mais revigoré et gonflé à bloc, je conseille a tous les cyclos qui passent dans le coin de saluer ce boulanger, il le mérite. Je rejoins le Scaër assez rapidement puis prends la route de Coray pour le prochain contrôle. Je tempère mes ardeurs car le souvenir cuisant du final du 400 de Loudéac est toujours présent puis arrive à Coray et rejoins mon vélocouchiste, nous cherchons un café pour tamponner et déjeuner, rien d'ouvert donc tampon dans une boulangerie puis nous repartons ensembles, Le chassé croisé va reprendre de plus belle, je m'arrête à Trégourez pour satisfaire un besoin naturel et boire un bon chocolat bien chaud puis reprends rapidement la route. le final sera une succession de bosses mais je suis bien, je monte tranquille et suis obligé de me freiner car je suis plein d'ardeur, je croise et me fais doubler par les cyclos du dimanche matin, certains discuttent avec moi et je lutte pour ne pas prendre les roues des moins rapides. Je tombe sous le charme de Chateauneuf du faou, je monte avec plaisir la cote de Brennilis et, de bosses en descentes, me voilà au pied du roc'h trévézel, je l'avale sans difficulté et décide d'embrayer un peu jusqu'à Sizun. Sizun, dernier contrôle il reste 40 km je m'offre une bière, c'est gagné, quoi qu'il arrive je finirai, à pied si il le faut mais je finirai. Sur le haut de Sizun je m'arrête pour téléphoner à la maison car dans le bourg ça ne passait pas puis je suis rejoint par Marcel mon vélocouchiste que j'arrive à prendre en photo avant de reprendre notre chassé croisé ...

 

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Il reste encore quelques bons raidars dont un à Guipavas puis c'est Brest et l'arrivée à lambé. Je suis surpris de mon état de fraicheur, c'est le brevet de la série que j'ai le mieux terminé, un bon casse croute, un débriefing avec les organisateurs très sympa de ce brevet et voilà Marcel et Jean qui arrive une petite 1/2 heure après moi, je suis heureux que Jean soit là, il est marqué mais à bon port et en bonne santé. Je prends congé et repars sur Vannes direct, je suis à la maison à 17 heures et n'ai pas plus sommeil que çà.

 

Bilan du brevet : 607 km  d+ 5038 m  temps total 32 h



24/01/2014
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