Ultra - Randonneur

Ultra  -  Randonneur

BRM 400 de Loudéac II (le retour ...)

Je repars dans un groupe composé pour partie de gars du club de Trévé et d'autres isolés de ma race, l'ambiance est bonne, nous bénéficions d'un agréable vent de face qui ne nous lachera plus jusqu'à Loudéac. La pause restauration a rudement bien revigoré les organismes, les vélos ont perdu leurs appendices lumineux, la nuit est derrière nous et le soleil franchement établi augure d'une belle journée. Tout irait pour le mieux si ce n'était ce vent franchement usant, oscillant entre 30 et 40 km/h, le terrain redevient assez casse pattes et dans chaque descente, je creuse des écarts assez conséquents sans mettre un coup de pédales. C'est marrant comme je suis "facile" en descente, lorsque je pesais 100 kg je trouvais ça logique mais maintenant que je fais 88 kg, même si je sais que c'est encore lourd, je m'interroge sur ce fait car dans les pelotons je croise quantité de grands gabarits qui doivent peser au moins mon poids et pourtant je suis quasi tout le temps le premier en bas. Après une énième descente, particulièrement longue, je me retourne et il y a un écart d'environ 250  m, je lève le pied dans la bosse suivante mais au sommet je constate que l'écart est identique et dans la descente suivante ils disparaissent de ma vue. Je prends le parti de continuer en solo, Redon n'est qu'à 20 km et je compte bien m'offrir une bonne bière accompagnée d'un grignotage quelconque. Ces  20 km se révèleront plus dures que prévu, le terrain est casse pattes et je constate qu'être en forme au sein d'un groupe est une chose car même si on travaille énormément dans ce groupe car il y a toujours des moments de récupération, des instants où l'on se laisse glisser sur l'arrière pour s'alimenter et récupérer alors que lorsqu'on est seule ces moments là n'existent plus donc le bonhomme s'use ; je me souviendrai  de ces réflexions pour l'avenir car une petite voix au fond de moi me susurre que c'est trop beau pour être vrai, après 12 h  de pédalage je n'ai pas ressenti de fatigue, ni de douleurs particulières et ma forme s'est tout le temps situé dans la moyenne haute de ma condition physique. Redon, je suis particulièrement heureux  car ces 20 bornes solo vent dans le pif commençait a me titiller le neurone. Je trouve un bar tabac, je tamponne, bois une bière bien fraiche et repars en avalant une pom'pote. Maintenant direction Malestroit, 35 km de terrain de plus en plus accidenté jusqu'à Loudéac et ce vent ... toujours aussi présent et pénible. Je ne m'énerve pas et prends mon mal en patience, peu avant Saint Perreux un gars avec une veste cycliste est debout à coté de sa voiture, il me fait un petit signe et je lui rends son bonjour puis 20 minutes plus tard le gars se porte à ma hauteur et me dit qu'un groupe est derrière moi. Je me retourne mais n'aperçois personne, je léve un peu le pied car je sais qu'il est prévu de manger au resto à guer et comme je ne mangerai pas au resto car porteur d'un anneau gastrique il m'est difficile d'avaler sur le pouce de grandes quantités de nourriture surtout dans une ambiance "énervé". Mes poches sont vides, je m'arrête pour piocher quelques victuailles dans ma sacoche et à la faveur de cet arrêt point au loin le groupe qui me suit, le temps de satisfaire à un besoin naturel je constate que les gaillards sont quelques hectomètres devant. Je rattrape ce groupe et éprouve une intense satisfaction de me retrouver, enfin, à l'abri du vent. Nous ferons une pause à Malestroit où j'avalerais un coca, un pain au chocolat, 2 chocos, 1 pom'pote et une barre de céréale ainsi qu'un demi bidon d'eau bien fraiche ahhhh ça remet le facteur sur le vélo et hop direction Guer. Il fallait bien que ça arrive à un moment où un autre, le voila mon coup de barre, il est environ midi donc il intervient au bout de 14 heures de route, mes futurs brevets de 400 me diront si c'est une constante physiologique perso où si chaque brevet possèdera sa vérité ! Le bonhomme est bien mou mais j'ai de la chance car je constate que pas mal de gars ont le faciès ravagé et le groupe évolue tranquilloo, jusqu'à 10 km de Guer nous avançons dans un silence religieux puis certains sentant l'écurie s'énervent  un peu pour les 10 derniers km, je prends les roues et nous arrivons au restau où nous ont précédés de quelques minutes les groupes de Plemet et de Loudéac.

 

Guer, km 303, il reste 100 km d'après la feuille de route, j'ingère un sandwich pain au lait, beurre 1/2 sel et blanc de dinde suivi d'un pain au lait nutella puis m'accode au bar pour avaler un demi bien frais, je discutte avec quelques cyclos qui arrivent et se désaltèrent avant de passer à table puis au bout d'une vingtaine de minute je prends la tangente, récupère mon vélo et appelle ma douce qui m'encourage, je suis encore bien, mais une douleur m'est apparu au creux poplité gauche, j'espère que ce n'est rien de grave, allez ne psychotons pas, j'enfourche la bête et je repars. J'ai des watts c'est incroyable, je coupe l'effort malgré l'envie qui me démange d'accélerer car la dernière fois que j'ai ressenti une telle euphorie c'était sur le BRM 300 de thouars l'an dernier et derrière j'ai eu un sacré coup de bambou donc je coupe l'effort, m'alimente et bois 25 cl de St yorre puis adopte un rythme raisonnable. Pendant que je roule en direction de Maure de Bretagne les organisateurs du brevet informent les participants qu'en raison d'une déviation à Maure de Bretagne ces derniers doivent aller directement à Maxent ...

Et mon steph arrive à Maure de Bretagne, route barrée, une petite bière au bistrôt et la serveuse me confirme qu'en vélo je peux passer sur la route barrée donc j'y vais. Elle ne s'est pas rendu compte que je n'étais pas en VTT la jeune serveuse, il n'y a plus de route, j'évolue sur un lit de gravier entre deux tranchées de 2 m de profondeur et je vous passe les creux et les bosses mais j'irai au bout hors de question de faire demi tour. J'arrive à Maxent km 312, il fait chaud et le vent, toujours ce terrible vent, ne me lâche pas mais moi non plus je ne lâche pas. Je ne m'énerve pas et prends le parti d'en sourire  intérieurement puis comme je suis seul sur des petites routes de campagne je me mets à répeter une [url=http://commetupourras.free.fr/pages_chansons/Fanny de la Ninon.html]chanson de marin[url/] le fait de chanter me fait oublier le vent et m'occupe l'esprit, je sens que la fatigue commence à me gagner. La prochaine étape est Plélan le grand, je ressens de plus en plus la douleur à l'arrière de mon genou gauche puis j'arrive à Plélan, km 333 plus que 70 mais ça commence à tirer sur la bête. Aprés un pain au chocolat arrosé d'un coca je renfourche fanlabiz et prends la direction de St malon, avant dernier contrôle, puis de Mauron lieu du dernier contrôle au km 360 mais je suis dans la souffrance, la fatigue est maintenat bien installé et je paye mes efforts du petit matin, je me doutais bien qu'un moment où un autre je paierai cash. Ce bon dieu de vent ne me lache pas et je suis scotché, je me demande ce que je fous là puis au détour d'un virage j'aperçois derriére moi un groupe bariolé de cyclos, de les voir me remets de baume au coeur. Le temps passe et ils ne sont toujours pas là, je me retourne fréquemment et constate qu'il se rapproche tout doucement. Ils ne doivent pas être beaucoup plus frais que moi, enfin les voilà, l'un de mes compagnons du début de nuit me dépasse, je prends sa roue de manière à ne pas perdre le groupe car ce serait terrible pour moi puis en haut de la bosse je constate qu'un trou de 20 mètres s'est créé entre nous deux et le reste du groupe, cela me rassure un peu sur mon aptitude a pouvoir finir dans ce groupe. Mauron, dernier contrôle, km 360 les tamponneurs fous cherchent la fraicheur sous un arbre auprès d'une église, nous ne trainons pas, tout le monde a hâte d'en finir, les 40 derniers km s'annoncent difficiles, nous referons une pause boisson à la Trinité Porhoët me semble t'il, puis je renfourche mon vélo pour la dernière fois, cette fois je suis cuit, les bosses s'enchainent et je souffre de plus en plus pour rester dans le peloton, je remonte en permanence en tête pour ne pas être décroché, plus que 10 km, certains néophytes comme moi sont congratulés par leurs copains de club, l'émotion est présente, les voix s'enrouent. Sur le bord de la route les familles des locaux ainsi que nos sympathiques accompagnateurs en camping car nous encouragent et nous applaudissent. Plus que 5 km j'hésite entre le rire et les larmes, je l'ai fait, je sais aussi maintenant pourquoi ce brevet est considéré comme le plus difficile. La maison du vélo de Loudéac, beaucoup de gens nous congratulent, je m'isole un peu, j'ai besoin d'être seule quelques instants, j'appelle Isa mais les mots ne sortent pas, je suis submergé par les larmes, joie, fatigue, je ne sais plus mais suis heureux d'avoir réussi puis je suis mort. Ces quelques minutes d'isolement m'ont fait du bien, je rejoins les autres au club house et bois une bonne bière puis prés 30 mn je prends congé car il faut que je rentre à Vannes avant que les nerfs retombent.

 

Aujourd'hui mercredi 18/05/2011 je récupère à peine de ce brevet, je reviendrai sur les données chiffrées de ce brevet plus en détail dans un article consacré à l'analyse de ce brevet afin de ne pas reproduire certaines erreurs qui auraient pu m'être fatale



24/01/2014
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Sports pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 11 autres membres