Ultra - Randonneur

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BRM 300 de Pipriac

La fin est proche, cette dernière cote est terrible mais le moral est au beau fixe, je vais valider ce brevet en 13 h 50 dont 12 h 17 de selle, Je bascule au sommet de cette dernière bosse où un gentil panneau m' indique Pipriac à 7 km, cette nouvelle me donne des ailes et je finis super bien sans ressentir de fatigue excessive, je ne prétends pas que je suis tout neuf mais je me sens relativement frais et  me rend compte à quel point les conditions météo revêtent une importance capitale lors de la réalisation d'un brevet. Lors de ces derniers hectomètres je me repasse le filme de cette journée formidable.

 

5h, le peloton de 127 unités est laché dans la nuit noire, Lors du brevet de 300 de Thouars que j'ai effectué l'an dernier nous étions peu nombreux  et c'était parti tranquillement alors que là ... 130 bédouins lachés dans le désert nocturne Breton ça envoie, je suis en queue de peloton et je n'entends rien, pas un bruit, pas une conversation, uniquement le sifflement des mécaniques, impressionnant. De longues minutes défilent dans cette athmosphère, je ressens la concentration des participants, l'esprit n'est pas à la compétition mais j'ai le sentiment que chacun est concentré sur son sujet. Je sais qu'un brevet n'est pas une course, je sais qu'il faut gèrer son effort et pas bruler son potentiel trop tôt au risque de le payer plus tard mais je me sens bien et ai envie de faire un beau brevet. Une boule au ventre de bon stress me tenaille depuis le matin, cette sensation je l'avais quelquefois éprouvé avant des gros matchs de rugby et chaque fois qu'elle s'est présentée j'ai fais de bons matchs. Je décide donc d'écouter mon corps et commence tranquillement à remonter cette longue file de lumières rouges, j'imagine que le départ du PBP doit être grandiose car je suis subjugué par ce serpentin de 127 feux rouges, qu'en sera t'il lorsque ce sera un serpent géant de plusieurs centaines voire milliers de lucioles. Je remonte ce serpentin pendant une dizaine de minutes et arrive dans le premier quart. Je n'ai pas de lampe frontale donc je ne vois ni l'heure, ni la vitesse, le temps est comme suspendu et toujours pas ou peu de conversation. Un cycliste arborant un ruban blanc me dépasse, je l'interpelle et fais connaissance avec Rémy du forum super randonneur, il y avait d'autres forumeurs avec qui j'aurai pu faire connaissance mais je suis arrivé tard pour en avoir le temps.Je passe une vingtaine de km avec rémy, à la faveur des lumières d'une bourgade j'ai le temps de jetter un oeil à mon compteur et constate que nous sommes à 29,5 de Moyenne, je me suis laissé glisser en queue de peloton et constate qu'il n' y a plus personne derrière. Je laisse rémy recoller au groupe de tête et adopte une allure correspondant mieux à ma condition physique car il y a quand même 300 km à faire donc ... du calme. Aprés l'euphorie du départ et la beauté du serpentin rouge en mouvement je découvre le plaisir d'être seul dans la nuit et de rouler l'esprit libéré des contingences domestiques, j'use d'un rythme qui me convient bien et me voilà déjâ à Abbaretz, je traverse le bourg au droit et tombe sur un panneau m'indiquant la route à prendre quand d'une route sur ma droite déboule un peloton de cyclo. je m'intègre au groupe et m'interroge sur sa nature , qui sont ils ?  Me suis je fais rattraper ? La réponse me viendra de rémy qui remonte à ma hauteur et m'explique qu'ils ont faits un détour, je n'étais pas si loin que ça. Quelques gars me poussent à prendre les roues mais je n'ai pas envie, enfin je dois plutôt dire que je suis lucide, ce groupe de tête monte les bosses 2 ou 3 km/h plus vite que moi donc pour les suivre je suis obligé de monter le cardio un peu haut à mon gout, sur 100 bornes pas de soucis mais là je sais que je courre à ma perte si je fais le cake donc calme. Je reprends mon rythme et me dit que je vais être repris par un groupe organisé venant de derrière, j'amorçe la descente sur Riaillé et le froid me gagne, il faut dire que je suis en court sans surchaussure et arrivé à Riaillé mon compteur m'informe que nous avons perdu 4° dans la descente, la bosse de St ouen à la sortie de Riaillé sera la bienvenue pour me réchauffer. A la sortie de Mésanger je ralentis pour trouver ma route quand deux bolides me dépasse, Je fournis un effort et les rattrape, je prends quelques relais mais ils rigolent pas les gars. Le plus grand qui est le plus costaud me demande si il y 'a du monde devant, l'autre ne parle pas je sens qu'il est à la peine pour le moment je décide de rester avec eux le premier contrôle étant à 20 km au km 100. Le grand me fait belle impression ils sont partis en retard de 10 mn et il roule fort. Je le suis et heureusement pour moi son accolyte décroche dans les bosses ce qui me permet de m' économiser. A l'entrée de St laurent des autels ils accélèrent dans le faux plat montant, je ne vois pas l'utilité de rouler comme un âne pour m'arrêter dans 300 m, mes deux compagnons n'ont pas été désagréables mais quelquechose "d'autain" chez eux ne me laissera pas un souvenir impérrissable.

 

Arrivé sur la place principale, une quarantaine de vélo sont présents, certains repartent déjà, d'autres sont encore attablés devant un demi et un casse croute, je ne m'assieds pas et commande une bière au comptoir puis mange un pain au lait nutella, je n'ai pas trés faim mais me force un peu. 20 minutes de pause, il est temps que je reparte. Les jambes tournent toujours bien, les 50 km à venir jusqu'au contrôle de Savenière seront les plus valonnées du parcours avec la traversée des mauges et le col d'ardenay (75m), de jolies paysages agrémentent cette portion et les jambes vont très bien, je passe les bosses sans forcer et roule régulièrement sur le plat. Le contrôle de savennière marque la mi-parcours nous nous ravitaillons en face d'une église dans laquelle à lieu un enterrement, bien entendu au moment de partir je serai coinçé dans le cortège mais bon ... . J' avale deux sandwichs pain au lait "sucré salé" un demi puis passe par la pause toilette. J'apperçois assis plus loin mes deux bolides qui me gratifient d'un petit signe, je constate que celui qui me parraissait le moins costaud des deux a les traits tirés et les yeux vraiment creux, il doit souffrir à suivre son collègue. Je me surprends a me demander quel est l'intérêt de se ruiner comme ça sur ce genre d'épreuve, j' ai moi même un coté compétiteur assez développé mais je suis lucide sur mes capacités et lorsque c'est trop costaud pour moi je décroche. Dans mon approche du vélo j'essaie de progresser, d'être plus rapide, plus fort pour pouvoir aller plus loin plus vite mais pas au détriment du plaisir, il faut que je conserve une certaine aisance je ne veux pas être ruiné et ne plus profité de l'instant puis cette "compétition" est plus avec soi même que contre les autres bien que je trouve le milieu cycliste parfois trés faux cul car beaucoup prèchent pour la "non compétition" mais surveillent du coin de l'oeil si on arrive a les suivre et même s'ils prétendent le contraire ils éprouvent certainement de la satisfaction lorsqu'ils doublent ou lachent quelqu'un. A moins que je sois un sombre idiot, ce qui en soit n'est pas impossible et que ces cyclistes n' aient pas d'égo. Le rugby était plus clair quand tu joues c'est tu chaties ou tu es chatiés point.

D' ou sortent ils ceux là, je ne les ai pas vu arrivé, trois garçons une fille. Deux des gars sont du même club, la fille est en solo et accompagné par sa mère qui l'attend aux contrôles, le quatrième membre de ce groupe est un gars très sympa et très costaud qui a du tirer tout ce petit monde car nous assurerons tout les deux le tempo jusqu'à Craon, km 213 et troisième contrôle, nos trois partenaires ne pourront que suivre, nous les attendrons dans quelques bosses puis ils finissent par lacher, nous les retrouverons à Craon. Je ne repartirai pas de Craon avec le gars sympa et costaud car il s'est ravitaillé très vite et moi il faut que je prenne mon temps pour m'alimenter car je suis porteur d'un anneau gastrique et si je déconne je suis malade et là, épreuve terminée. Au moment où je repars un groupe de cyclos arrivent. Deux de ces cyclos me rejoignent à Martigné ferchaud, encore une fois je constate le pouvoir de la cible car dix minutes après m'avoir rejoints l'un des deux s'est effondré, à chaque bosse il était décroché, son collègue me dit de partir car il veut l'attendre, je prèfère rester avec eux et temporisons pour laisser rentrer le troisième membre du trio mais il ne revient pas, après 10 mn comme ça son copain décide de s'arrêter pour l'attendre et je continue donc mon chemin. Je sors de Bain de bretagne, il reste 30 km que je vais trouver très long, petites routes, plus de cyclos, pas âmes qui vivent et aucun village traversé ils sont juste effleurés, une dernière jolie bosse avant Pipriac où je suis à l'arrêt puis au sommet le panneau de la délivrance Pipriac 7km, cette dernière étape ne sera qu'une formalité. Je suis heureux car même si je suis fatigué je finis frais, je suis encore lucide et en bien meilleure forme que lors du 300 de l'an dernier. Je suis heureux de constater que mon entrainement est efficace et cela m'encourage a persévérer dans cette voie.

 

Quelques données chiffrées :

309,10 km    moy : 25,16 km/h  cad moy 74

Temps total :                  13 h 50

Temps de roulage :      12 h 17

Temps de pause :           1 h 33

D+ = 2100 m

 

 



22/01/2014
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